Ces derniers mois, de nouveaux acteurs du web se sont fait remarquer : les services de « snap » de noms de domaine d’extension « .FR », gérés par l’AFNIC. Ces sites ont fait leur spécialité de la récupération des noms de domaines en « .FR » dès qu’ils arrivent à expiration.

Ce type de service n’est pas nouveau outre-Atlantique, cela fait plus de 10 ans que Snapnames ou Godaddy permettent aux internautes de déposer une option d’achat. Le principe est simple : si le prestataire parvient à réserver le nom de domaine convoité avant les dizaines d’autres robots en lice, tous les clients ayant posé une option d’achat chez eux entrent dans un cycle d’enchère privée, où le mieux disant emporte le nom de domaine.

En France, les principaux acteurs (Kifdom et Domraider, anciennement « 4x.fr ») ont pour l’heure choisi une autre formule : si il n’y qu’un seul demandeur, il emporte le nom de domaine. S’il y en a plus d’un, alors tous les internautes peuvent participer à la vente aux enchères, ce qui fait immanquablement monter le prix : ainsi, le nom de domaine drogues-dependance.fr a été capturé (acheté) cet été par Domraider à moins de 10€, et immédiatement revendu aux enchères au prix final de 7000EUR.

Mais nous avons également détecté des acteurs privés, qui opèrent un tel service pour leur compte : nous avons ainsi remarqué que l’ancien nom de domaine de la Chambre des Métiers de Lyon (cm-lyon.fr), malencontreusement abandonné, a été récupéré en décembre 2015 par une agence web (Force Business), qui a opportunément localisé son siège social en Suisse (hors UE, ce qui limite les risques de recours juridiques).

Pour une entreprise du web, un tel nom de domaine présente une réelle valeur. Dans ce cas précis, ce nom de domaine est cité (référencé) par encore plus de 200 autres sites web, dont des sites institutionnels. Autrement dit, des milliers d’internautes vont être redirigés vers un nom de domaine en pensant aller sur le site de la chambre des métiers de Lyon.

Ce trafic et cette réputation peuvent être valorisés de différentes manières : soit pour profiter de la notoriété en vue de favoriser le référencement naturel d’autres sites web, soit pour tromper les internautes (faux site de la Chambre des métiers), ou encore pour diffuser des virus…

Werner KLINGER
Ingénieur Conseil Web & NTIC.